La Colonie d’Art Kiyoharu Geijutsumura

Nous l’avons vu dans plusieurs articles : Hokuto est un vaste territoire où les activités à faire ne manquent pas, que vous soyez un amateur d'activités en plein air( External link ), de boissons alcoolisées (bière( External link ), saké( External link ) ou whisky( External link ), vous trouverez forcément votre bonheur!), ou d’art.( External link )

Dans cet article, nous vous présentons donc l’un des nombreux musées que compte Hokuto : la Colonie d’Art Kiyoharu Geijutsumura.

Cette institution fut fondée il y a 40 ans par Chozo Yoshii, un éminent marchand d’art grâce auquel les œuvres de peintres européens modernes tels que Georges Rouault, Maurice Utrillo, Marc Chagall, Antoni Clave, Bernard Cathelin ou Pablo Picasso ont pu être diffusées auprès des Japonais. D’autre part, il a aussi fait découvrir aux Européens des peintres japonais comme Ryuuzaburo Umehara ou Kaii Higashiyama. Ainsi, M. Yoshii a joué un rôle si important dans les échanges artistiques franco-japonais qu’il a reçu en 2007 le grade de commandant de l’Ordre National du Mérite.

Se consacrer à l’art : un rêve impossible à oublier

Si M. Yoshii a toujours aimé dessiner depuis sa plus tendre enfance, au point de vouloir intégrer une école d’art et de devenir peintre, son père n’était pas de cet avis ; le jeune Chozo dût donc étudier le droit et finit par intégrer la grande entreprise Mitsui and Co. Cependant, pendant les deux années où il travaille comme un « salaryman » japonais typique, il ne peut oublier son rêve de jeunesse. Ému par une exposition d’oeuvres de Georges Rouault, il décide de quitter l’entreprise pour travailler à la galerie Yayoi, à Tokyo. C’est à ce moment-là que commence sa carrière de marchand d’art.

La rencontre avec le mouvement Shirakabaha

Le mouvement Shirakabaha est un mouvement littéraire profondément influencé par l’esthétique occidentale ; ce mouvement donne lieu à la publication du magazine du même nom, porté par Naoya Shiga et Saneatsu Mushanokoji. Ce sont les auteurs appartenant à ce mouvement qui ont présenté au public japonais des artistes tels que Paul Cézanne, Vincent Van Gogh, Georges Rouault, ou encore Pierre-Auguste Renoir. Ils portaient une admiration particulière pour le sculpteur Rodin ce qui les poussa à lui envoyer une lettre accompagnée de trente estampes ukiyo-e. L’artiste non seulement répondit à leur lettre, mais leur envoya aussi en cadeau trois de ses sculptures. Qu’un artiste mondialement célèbre comme Rodin fasse un tel don à un groupe d’auteurs japonais méconnus émut grandement ces derniers, qui décidèrent alors de construire un musée où les œuvres de Rodin pourraient être exposées. En vue de l’édification du musée, les auteurs commencèrent à rassembler des œuvres de peintres occidentaux, dont une version des Tournesols de Van Gogh : ce tableau sera malheureusement dans un incendie résultant d’un bombardement, juste avant la fin de la guerre. Cet incident força les leaders du mouvement à repousser leurs plans concernant l’ouverture du musée.

Le rêve des auteurs de Shirakabaha réalisé grâce aux cerisiers de Kiyoharu

Plus tard, M. Yoshii quitta la galerie Yayoi pour monter sa propre galerie, la galerie Yoshii, et devint peu à peu le marchand de tableaux le plus important du pays. Il restait cependant un rêve dans l’esprit de M. Yoshii : construire un musée qui permette les échanges entre les artistes japonais et étrangers, ainsi qu’un musée Shirakabaha. Si l’expression « résidence d’artiste » est largement connue et utilisée aujourd’hui, à l’époque il n’existait pas de lieu ou les artistes venus visiter le Japon pouvaient exprimer leur créativité.

Le musée fut construit dans un endroit où la nature puisse être une source d’inspiration pour les artistes ; d’ailleurs, il s’agit d’une idée centrale dans la pensée des auteurs Shirakabaha. Lorsque l’on se rend sur place, on se rend compte de la beauté de l’environnement naturel dans lequel le musée se trouve : entouré par le Mont Fuji au sud, les Alpes du Sud et les chaînes de montagnes de Kai-Komagatake à l’ouest, le Mont Yatsugatake au nord, de gracieux cerisiers participent aussi de la splendeur du lieu. D’ailleurs, c’est la présence de ces cerisiers qui a convaincu M. Yoshii d’installer le musée dans cet écrin naturel.

La Colonie d’Art Kiyoharu: une mine de trésors artistiques

C’est tout d'abord en 1980 qu’est édifiée La Ruche : une reconstruction de la rotonde du Pavillon des Vins conçue en 1900 par Gustave Eiffel (1832-1923), et qui hébergea nombre d’artistes comme Chagall et Zadkine, après sa relocalisation dans le quartier de Montparnasse. 
 

▲La Ruche de Kiyoharu Geijutsumura

M. Yoshii, qui entretenait une relation étroite avec Naoya Shiga et Saneatsu Mushanokoji par le biais de son travail, se dit alors qu’il est temps de construire un musée Shirakabaha. C’est en 1983, 65 ans après que les auteurs Shirakabaha eurent pour la première fois le rêve de construire un musée, que l’architecte contemporain Yoshio Taniguchi, chargé de l’agrandissement du MoMA à New York, se charge de la conception du village artistique.

On trouve aujourd’hui dans l’exposition permanente de nombreuses œuvres collectées par Naoya Shiga, parmi lesquelles des autoportraits, des peintures bouddhistes, des tableaux impressionnistes et des porcelaines. Des lithographies de Van Gogh sont également exposées, ainsi qu’une reproduction du tableau malheureusement détruit des Tournesols, que les auteurs espéraient un jour montrer au public.

 
▲Le musée de Kiyohara Shirakabaha

Au sein de ce même village artistique se trouve la chapelle Rouault pensée par Taniguchi, qui comprend un crucifix et des vitraux peints par l’artiste, dont un représentant un magnifique bouquet. Ces oeuvres sont des présents de la Fondation George Rouault, en gage de sa reconnaissance envers M. Yoshii d’avoir diffusé le travail des artistes européens modernes au Japon. 

 　
▲La chapelle Rouault

▲Le vitrail et le crucifix peints par Georges Rouault

Le musée de la Lumière a quant à lui été conçu par le célèbre architecte Tadao Ando. Aucun dispositif de lumière artificielle n’y est installé : ainsi, les oeuvres sont mises en valeur uniquement sous la lumière naturelle, et leur perception varie en fonction des saisons et de l’heure. 

 
▲Le musée de la Lumière

Autre curiosité : un pavillon de thé construit par Terunobu Fujimori, qui ressemble à s’y méprendre à une cabane dans les arbres. Les visiteurs réguliers ne peuvent y entrer, mais les membres premium du musée sont autorisés à y pénétrer 2 fois par an. 

 
▲Pavillon de thé “Tetsu”

Juste à côté de Kiyoharu Geijutsumura se trouve le restaurant Stove. Cet établissement dont l’intérieur a été imaginé par Isamu Koyabashi, Hiroshi Sugimoto et Sakakida Tomoyuki propose une cuisine française créative mettant en valeur des ingrédients bio et faisant usage d’assaisonnements à base de plantes médicinales chinoises Sa réputation a même dépassé les frontières, puis qu’il fait partie des restaurants récompensés par le célèbre guide culinaire Gault et Millau en 2021.

 
▲ Extérieur et intérieur du restaurant

Vous pouvez admirer non seulement les œuvres d’art à l’intérieur du restaurant, mais aussi l’architecture du bâtiment lui-même, un mélange d’influences japonaise et française. Le tout bien sûr en dégustant un repas exceptionnel !

Aussi, pendant la période de la floraison des cerisiers, pourquoi ne pas vous offrir une expérience culinaire et artistique unique ?

Accès et informations

Kiyoharu Geijutsumura
Adresse : 408-0036 Yamanashi-ken, Hokuto-shi, Nagasaka-cho, Nakamaru 2072
Téléphone: 0551-32-4865

Horaires d’ouverture:
- Musée de Kiyoharumura – Shirakaba : 10h-17h (dernière entrée à16h30)
- Musée de la Lumière : de 10h à 17h
Jours de fermeture : lors des fêtes de fin d’année et le lundi (si le lundi est un jour férié le musée est fermé le jour suivant)　　
Droits d’entrée　
- Adultes : 1500 yen
- Lycéens et étudiants : 1000 yen　1000円（900円）
- Ecoliers et collégiens : entrée gratuite
Site internet( External link )

Restaurant Stove
Adresse : Yamanashi-ken, Hokuto-shi, Nagasaka-cho, Nakamaru 4551　
Numéro de téléphone : 0551-45-7703
Horaires d’ouverture :
- Déjeuner 12h-15h (dernière commande : 14h30)
- Dîner : 18h-21h30 (dernière commande : 20h30)
- Tea time le samedi et le dimanche : 15h-17h30
Fermé le lundi et le mardi. Réservation indispensable.